William - Watch as I slip away for your sake.

- William ne connaît pas son lieu de naissance, ni même la date exacte pour tout dire. Les infirmiers qui l’ont trouvé assis sur une des chaises des urgences de nuit londoniennes lorsqu’il avait à peu près deux ans se sont accordés sur le 9 février, la date du jour. Étonnamment silencieux, les jambes ballantes sous le siège où il semblait avoir été posé, le petit aux yeux bleus avait réussi à dire son prénom, son âge, mais rien de plus pouvant conclure à son identité. Il ne semblait pas avoir de souvenir de ses parents, ni du lieu où il habitait, tandis qu’il pouvait certifier qu’il n’aimait pas le jell-o et que le calot du médecin en chef était moche ne lui allait pas.

- Au mois de juin de l’année suivante, William rencontrait un couple américain et leur fils. On lui avait expliqué qu’une famille venait le chercher, et qu’il serait en sécurité avec eux. Une nouvelle fois, très calme, le petit anglais avait hoché la tête, il avait très vite compris ce qu’il se passait. Cela surprenait beaucoup les services sociaux d’ailleurs, mais de toute manière, il ne réclamait personne et personne ne le réclamait, lui. Aucun manque n’était perçu, que ce soit une mère, un père, ou même un foyer.

- Étranger au concept de famille, il avait regardé les trois américains d’un air déconcerté, surtout quand les deux adultes lui accordaient une attention débordante de tendresse, mais encore plus quand leur fils, du haut de ses quatre ans, lui tendait un ours en peluche noir, lui expliquant que c’était son animal préféré et qu’il avait le même en blanc, mais que celui-là était pour lui. Ce petit animal trône toujours sur le rebord de la fenêtre de la chambre de William à l’heure d’aujourd’hui, le temps a eu raison d’une demi-oreille, mais soit.

- Arrivés à trois en Angleterre, et après un mois sur place, les Sheppard revenaient aux USA, à Los Angeles exactement, au nombre de quatre. Pour la première fois, William avait des papiers d’identité complets, et même un nom de famille. Il découvrait sa nouvelle vie aux côtés de ses parents et son frère, Rowan. On aurait pu parler de coup de foudre fraternel pour les deux petits de trois et quatre ans tellement ils se sont vite liés, si bien qu’il ne fallut pas longtemps pour qu’on n’arrive plus à les dissocier.

- Les Sheppard formaient une famille typique américaine des années 80/90. De classe moyenne, la mère était infirmière, et le père militaire. Tous deux consacraient la majeure partie de leur temps à leur travail pour pouvoir offrir le meilleur à leurs deux fils. Cela se traduisait par peu de temps passé en famille, et les garçons étaient souvent seuls : alors gardés par des nounous, des membres de la famille, mais surtout par leur oncle paternel, Lloyd, qui habitait à quelques maisons de là. Ce dernier était l’option préférée des deux frères, mais pas forcément celle de leurs parents.

- Lloyd Sheppard était un homme assez excentrique, du genre trop secret pour être normal. Des airs de fou du village sans l’être, toujours à parler de légendes et de créatures mythiques à ses deux neveux qui ne demandaient que ça. Leur oncle était dans son propre monde et ils adoraient en faire partie. Malgré le désaccord du couple Sheppard, Rowan et William persistaient à vouloir aller chez lui. Entre les soirées à écouter des tas d’histoires fabuleuses, pouvoir manger autant/quand ils le voulaient, et apprendre à tirer sur des cannettes customisées par leurs soins… Le choix était vite fait.

- Avec le temps, le lien entre Winnie et Will’ ne fit que se renforcer. Souvent livrés à eux-mêmes, sans rancune envers leurs parents, il s’était formé une relation fusionnelle entre les deux frères, à en faire jalouser beaucoup. Professionnels dans l’art de faire les quatre-cents coups, ce n’était pas un duo de tout repos, ça, c’était certain. Malgré quelques querelles pour avoir la place avant en voiture quand ils étaient jeunes, ils ne se sont jamais disputés. Ils ont cette capacité à pouvoir parler de tout, tout le temps en toute franchise et à être toujours là l’un pour l’autre. Rowan est la seule personne en qui William ait une confiance aveugle, et même s’il est le moins expressif des deux, il aime son frère plus que tout.

- À leur seize et dix-sept ans respectifs, William et Rowan se sont retrouvés devant la maison vide de leur oncle. Ses affaires n’avaient pas bougé, mais il semblait avoir emporté un sac avec lui. Les jeunes Sheppard ne comprirent pas pourquoi leur oncle était parti sans leur dire, ce n’était pas dans ses habitudes, même s’il s’absentait souvent, il les prévenait toujours. Au bout de trois jours, alors qu’ils cherchaient un quelconque signe de la destination de Lloyd, ils tombaient sur une enveloppe cachetée à leurs noms, dissimulée dans le blouson aviateur en cuir qui normalement, ne quittait jamais les épaules du tonton cool. (D’ailleurs, il avait acheté le même blouson aux deux frères, parce que les années 90, c’étaient ça.)

- À la lecture de cette lettre, la vie des Sheppard prenait un tournant décisif. Leur oncle leur donnait accès à une pièce qu’ils ne connaissaient pas : une réserve d’armes et d’archives toutes en lien avec le surnaturel. Chaque histoire qu’ils avaient attendue au coin du feu était inscrite et classée dans ces étagères, et elle prenait une tournure… Réelle. Sans se poser de question, Will et Winnie, n’ont pas douté de tout ceci, au fond d’eux, ils savaient que Lloyd ne leur mentirait jamais. C’était un peu comme s’ils l’avaient toujours su et il était impensable qu’ils restent les bras croisés.

- Grâce aux contacts et conseils laissés par leur oncle, en plus de l’accès à toutes ses affaires et attirail, les deux jeunes se sont mis à étudier, apprendre, et enquêter sur ce monde sombre et dangereux qui s’ouvrait à eux. Ils mettaient un point d’honneur à respecter la règle favorite que Lloyd leur répétait : le secret. Alors, parallèlement, ils continuaient un train de vie en apparence normale, pour ne pas trop éveiller les soupçons, et l’absence récurrente de leurs parents devenait un avantage pour eux. Aussi difficile que cela paraissait, ils ne comptaient pas laisser tomber leur recherche.

- En passant à l’âge adulte, ils commencèrent de plus en plus à sillonner le pays, accumulant alors les chasses et cas paranormaux. Si William avait choisi un parcours professionnel académique et littéraire, différent de celui de son frère, les deux chasseurs ne partaient jamais l’un sans l’autre sur une affaire.

- À force d’efforts, les Sheppard retrouvèrent leur oncle qui s’était réfugié après une enquête qui l’avait dépassé. Blessé et affaibli, Lloyd devint alors le mentor de ses deux neveux et se mit en retrait jusqu’à son rétablissement. Aujourd’hui encore, il continue d’aiguiller les deux frères sur des affaires importantes qu’il juge assez compliquées pour eux. Des sortes d’enquêtes privées souvent codées, et qui justifie souvent l’absence de William et Rowan pendant plusieurs jours.

- Plus le temps passait et plus leur expérience s’endurcissait. Leur nom se faisait une place dans le monde des Chasseurs, et de plus en plus, on demandait leur aide, leur confier des cas étranges, leur faisait confiance. Le nombre d’enquêtes montaient plus qu’ils ne l’auraient voulu, si bien qu’il était impossible pour eux de tout gérer… Ce fut là que les Shadow Daggers virent le jour. Un groupe réunissant les Chasseurs du monde entier, un réseau important dans lequel chacun se battait pour la protection et le libre-arbitre. Bien qu’étant à l’origine et à la tête de ce groupe, les frères Sheppard n’ont jamais eu la prétention d’être au-dessus de qui que ce soit. Ils ne sont pas du genre à jouer les chefs tout-puissants comme beaucoup d’autres.

- Étant le moins sociable des deux, William ne manque pourtant pas de discernement. Arborant son air sérieux et bien rangé, il surprend beaucoup au sein d’un combat lorsqu’il sort sa paire de dagues et délivre un combat rapproché des plus efficaces. À le voir, on ne soupçonne pas cette facette en lui et on pourrait même y attacher l’adage « toujours se méfier de l’eau qui dort. ». Il arbore cet air dangereux et calculé qui pourrait même faire hésiter quant à son camp, mais le contrôle dont il fait preuve démontre bien sa véritable volonté.

- Depuis cinq ans maintenant, Will est à la tête de la LA Central Library et de ses archives, il en est devenu le directeur et le conservateur. Un travail qui lui permet l’accès à un nombre de ressources idéal pour ses propres enquêtes et celles des Shadow Daggers. C’est un lieu que beaucoup de Chasseurs connaissent, mais peu y viennent véritablement. Le bureau du conservateur est constamment fermé à clef, et pour cause, il tient fermement au fait que personne n’y entre sans son autorisation. Probablement parce que les grandes armoires ne renferment pas que des livres. Outre les avantages surnaturels, c’est un travail qu’il apprécie véritablement. Depuis petit, il a toujours été entouré de livres et attiré par la littérature en général.

- Le cataclysme récent, et la Mort de Dieu ont accéléré beaucoup de choses sur Terre. William a toujours su qu’un événement pareil arriverait tôt ou tard, lui ne croyant ni en un côté ou l’autre, il n’a pas eu de réelles pertes de repères. Il se contente d’être fidèle à lui-même, et s’apprête à combattre pour ce qu’il a toujours défendu : le libre-arbitre et la liberté.

- S’il n’a pas eu de déception de croyances, il a pour autant ressenti quelque chose dont il se serait passé. Depuis les événements, il s’est mis à souffrir de migraines intenses accompagnées de rêves désagréables dont il ne reconnaît pas les protagonistes. Lui qui n’a jamais été hanté par son passé et ses origines, il semblerait que quelque chose veuille lui faire se rappeler ses racines, contre sa volonté. Ayant déjà peu d’attrait pour la foule voilà que des maux de tête, des vertiges ou même des douleurs sans origine commencent à apparaître lorsqu’il est en présence d’autres personnes. S’il prend ceci pour de simples coïncidences ou du surmenage, la vérité semble être bien rattachée à ses origines sur les terres anglaises. Il ignore tout de ses parents biologiques, et n’a jamais cherché à les retrouver, pour lui, ses seuls parents sont les Sheppard, mais cela veut aussi dire qu’il ignore complètement que son géniteur était un vicaire anglais, et sa génitrice une nymphe pégée accomplie. Une union controversée, interdite aux yeux de leur religion/panthéon respectif, et qui a été sévèrement condamnée… Ce qui expliquerait bien des choses ; de l’abandon de Will’ jusqu’à ces récentes migraines.

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